Analyse de photos féminines de Robert Mapplethorpe

Robert Mapplethorpe, analyse de portraits féminins
1946 – 1989, né et éduqué à Queens, New York 

Groupe de discussion, 27 octobre 2016, Anticafé, Montréal

Photographe le plus controversé des années 80, Contemporain à Andy Warhol 
Sujets provocateurs avec langage iconique clair : scène cuir de New York, nus masculins, fleurs à forte connotation érotique  représentes ses sujets de choix, expressions scatologiques durant les dernières années de sa vie. Toute sa vie, il est en mode de refoulement contre l'éducation catholique qu'il a reçu. Il est demeuré obsédé par le sexe sa vie durant et il a fait de l'homosexualité l'objet de sa création photographique, en dépits qu'il a toujours été relativement inhibé face à ces tabous.

Son travail photographique se distingue  par l'aspect froid et lisse des images, une rigueur artistique qu'il a acquis durant ses études à l'école de design du Pratt Institute de Brooklyn. Il sait assurer un ensemble harmonieux dans ses images.


Portraits de Patti Smith 

A l’encontre de tous les types de beauté en vogue à l'époque, Patti Smith offre un look des années 1970, avec son allure androgyne, ses cheveux en bataille, une chemise d'homme négligée.

Cette image a été utilisée pour son disque long-jeu « Horses », son premier album, malgré les hésitations de sa compagnie de disque.

Plus tard, le magazine Rolling Stone place cette pochette au 26e  rang des meilleures pochettes de disques de tous les temps 

Couverture de l'album ''Horses'' de Patti Smith
Photographie de Robert Mapplethorpe



Lisa Lyon

La rencontre entre Mapplethorpe et Lisa Lyon a été marquante pour le photographe. Il a été si frappé par son physique et ses pratiques vestimentaires utilisant le cuir, les jupes très courtes qu'il a noté qu'il  «avait l’impression de contempler un être venu d’une autre planète». Entre les années 1980 et 1982, plusieurs sessions photo ont été faites avec Lyon, incluant des nus en studio et extérieurs et des compositions variés. Un livre intitulé ''Lady Lisa Lyon'' a été publié avec ces travaux. L'influence du fétichisme du sujet cadre bien avec les intérêts du photographe. 

Lyon devient membre du « Gold’s Gym » de Los Angeles, haut lieu du culturisme masculin aux Etats Unis. Image iconique, Lady Lisa Lyon devient championne mondiale de culturisme en 1979. Elle a une courte carrière: elle se présente à une seule compétition international, qu'elle gagne: elle ne se représente pas les années subséquentes et tombe dans l'oubli peu après.

Sortie le culturisme féminin du ghetto du cirque, Lyon exprime l'émergence de la «femme nouvelle»: consciente de son corps, physiquement forte, en harmonie avec l'influence croissante du mouvement féministe. On recherche le bonheur matériel. Un produit des années 80 : ambitieuse, déterminée, résolue à réussir, doué d’une intelligence pragmatique. Selon les mots de Lyon, « la force, la grâce ou la souplesse ne doivent pas être lié au sexe. Cet amalgame n’existe que dans notre représentation limitée des choses » 



Au premier regard, on note le bras aux muscles durcis, avec grains de beauté non retouchés, qui marque l'esprit du modèle.

Avec l'utilisation du voile foncé, la conception de l'image projette une inspiration du deuil, qui reflète l'influence de l'éducation catholique du photographe, sans aucune autre signification pratique. La forme de la tête permet une allusion à l'image du lion, tout en offrant un lien phonétique au roi des animaux avec le nom du modèle, faisant référence à la force physique sauvage. L'image offre un sens très marqué du geste: animalité, force physique naturelle, indomptée 

Portrait de profil, un buste (cadrage), mais pas un profil traditionnel, sans aucune tentative de capturer le regard du modèle. On note la position droite du corps, le modèle regarde directement devant elle, telles les photos judiciaires.

Lèvres bien dessinées, ne trahit aucune expression 











Le cycle de Mapplethorpe sur Lisa Lyon est considéré à juste titre comme le plus important de ses travaux. 

Entre 1980 et 1982, un total de 117 photos en noir et blanc, pour la plupart de format carré



Qu'est-il advenu de cette tendance

Esthétique culturiste, circa 2005

La fin d'une époque, une vision esthétique poussée à l'extrème, qui ne retiend plus l'intérèt


Fin d'une esthétique
Prise de stéroïdes et amplification de formes artificielles, entrainant la contestation sociale autour des pratiques du culturisme.


Exposition Musée des Beaux Arts de Montréal

Focus: Perfection 
Mapplethorpe

Jusqu'en janvier 2017

« Mapplethorpe est un artiste puissant : peu d’œuvres ont connu un tel retentissement au-delà de la sphère artistique, car il a décadenassé des interdits sociaux. Armé d’un œil esthétique au scalpel et d’une grande culture visuelle, il a révélé trois tabous de la société américaine : la violence, l’homosexualité et les relations interraciales… dont les stigmates demeurent. Mapplethorpe a forcé un débat, historique et toujours contemporain, contre la censure artistique, bien sûr, mais surtout sociale. Son œuvre, si actuelle dans son propos engagé, ne pouvait que profondément renforcer les valeurs de tolérance et d’ouverture que je souhaite véhiculer avec le Musée. »

– Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM


Références

La fondation Robert Mapplethorpe, portfolio




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